Le dimanche 24 juin, après avoir suivi le Grand Prix d’Europe de Formule 1 à la télévision, notre ami Renaud de Laborderie s’est éteint. Des Grands Prix, Renaud en avait couverts plus de 600 essentiellement pour le « Parisien » dont il fut le chef des sports puis l’un des rédacteurs en chef pendant de très nombreuses années.
En 2007, j’avais été heureux de lui remettre le Prix de la carrière conjointement avec Michel Clare. Deux modèles, deux élégances. J’ai connu Renaud sur le tard. Nous ne fréquentions pas les mêmes terrains. Le sport automobile, en particulier, m’était assez étranger. Sauf que les pilotes des années 60-70 m’inspiraient beaucoup de mélancolie. A mes yeux, Renaud était de ce monde là, de cette époque là. Celle des Jim Clark, Jackie Stewart ou Graham Hill, ces pilotes britanniques dont il partageait les manières si ce n’est les habitudes. Il me parlait volontiers de l’atmosphère de ces années là, des risques inconsidérés que ces champions affrontaient, de leur solidarité, de leur fraternité. Renaud, j’en suis sur, était en terrain de connaissance. Qui plus est Renaud aimait les livres. Les faire tout autant que les lire. Il avait le flair, l’instinct dans ce domaine là aussi. Avec discrétion, sans étalage (éditeur chez Solar, il n’aspirait pas à participer à nos débats), il a accompagné et soutenu nos initiatives. Quelque peu fatigué, il m’avait demandé, il y a deux ans de tirer sa révérence, mais ne pouvait s’empêchez, dès qu’il me voyait, de s’affranchir des derniers débats agitant notre petite famille. Le Prix du livre du Sportel l’occupait par ailleurs beaucoup. Incontestablement, il m’a appris. Avec lui, j’étais toujours à l’écoute, mais il ne dédaignait pas lui-même entendre le point de vue d’un moins expérimenté, et cette politesse l’honorait. Renaud c’était par dessus tout un « goût ». J’aimais son urbanité, sa façon de s’habiller, son amour pour un journalisme à la fois précis et enthousiaste, son sens de l’actualité, son optimisme par dessus tout. Jamais blasé, toujours debout. Renaud n’avait pas 81 ans, c’était un parfait jeune homme toujours en quête d’un projet ou d’une initiative. Un éclaireur pour toujours.
A Agnès Carlier, son épouse, à ses proches, l’Association des écrivains sportifs présente ses condoléances attristées.
B.H.