En pleine célébration des Jeux olympiques de Londres, l’événement est passé inaperçu. Le 2 août, le jour où Michael Phelps obtenait un seizième titre olympique, Gilbert Prouteau s’en est allé. De Londres et de l’olympisme, l’ex-athlète et poète n’ignorait rien puisque c’est dans cette ville et dans ce cadre qu’il obtint lui-même, soixante-quatre ans plus tôt, une (inattendue) médaille de bronze au concours de littérature, spécialité, à l’époque, consacrée au même titre que le 100 m nage libre ou le lancer du poids.
Avec humour, Prouteau rapporta plus d’une fois qu’il tomba en la circonstance des nues, pour ne pas dire davantage. Blessé, il n’avait pu obtenir sa sélection en triple saut, son sport privilégié de l’heure. Il fit néanmoins le déplacement au titre de journaliste. Et c’est à la sauvette qu’il apprit le couronnement de ses “ Rythmes du stade ” paru six ans plus tôt au plus fort de la deuxième guerre mondiale.
Né 14 juin 1917 à Nesmy (Vendée), l’heureux lauréat n’en demandait pas tant. Néanmoins, avec le recul, on doit admettre que l’anachronisme avait du sens. Prouteau, il le prouvera à maintes reprises, accordait beaucoup d’importance aux éventuelles connivences que le sport entretient avec toutes les formes artistiques envisageables. On lui doit une “ Anthologie des textes sportifs ” qui marqua les esprits et servit, très longtemps, de référence. Il fut aussi un secrétaire général de notre Association très attachant et très efficace.
A dire vrai, Prouteau était multiple, curieux, polyvalent. Il appréciait les alexandrins, la montagne, l’athlétisme, l’histoire. Il manqua de recevoir le Goncourt en 1961 avec le “ Sexe des anges ” (Grasset) et réalisa de nombreux films parmi lesquels “ Dieu a choisi Paris ” interprété par Jean-Paul Belmondo.
L’Association des Ecrivains sportifs lui est redevable. En 2009, elle s’était fait une joie de lui décerner un plus que mérité Prix de la carrière. B.H.