Le Jury de l’Association des Ecrivains Sportifs, réuni le 30 septembre à Paris, a rendu ses verdicts pour les Prix 2015 de l’AES.
Le Grand Prix Sport & Littérature (Prix Tristan Bernard) a été décerné à Jean-Philippe Toussaint pour son ouvrage « Football », publié aux Editions de Minuit. Jusqu’au bout des délibérations, « Le Cœur du Pélican » de Cécile Coulon (Viviane Hamy), « L’Echappée » de Lionel Bourg (L’Escampette) et « Bernard, François, Paul et les autres » de Jean-Emmanuel Ducoin (Anne Carrière) sont restés dans la course.
Le Prix étranger Sport & Littérature (Prix Monique Berlioux) a été attribué à l’écrivain brésilien Max de Carvalho pour son ouvrage « Poésie du football brésilien », publié par les Editions Chandeigne. Dans cette catégorie, le choix a été particulièrement difficile entre le vainqueur et Christos Tsiolkas pour son ouvrage « Barracuda ».
Le Prix du Beau Livre a récompensé Pascal Paillardet pour son ouvrage « Les Saigneurs du sport », publié par les Editions Huggin & Muninn. Pour cette récompense, le match a été également très serré avec Sylvie Giard et Guy Lagorce, auteurs de « Portraits légendaires de boxeur » (Editions Tana).
Le Prix du Document sportif est revenu à Jean-Paul Vespini pour son ouvrage « Gino le Juste », publié par les Editions Le Pas d’Oiseau.
Par ailleurs, le Jury a choisi de récompenser Didier Roustan pour le Prix de la Carrière (Prix Louis Nucéra) et George Eddy pour le Prix du Commentateur sportif.
La cérémonie de remise des Prix aura lieu à la mi-novembre au Ministère des Sports en présence de tous les lauréats et de leurs éditeurs.
« Football », 123 petites pages qui vont droit au but
Difficile de faire plus sobre, plus épuré, plus essentiel. Jean-Philippe Toussaint n’apprécie rien moins que l’emphase. Son « Football » va (forcément) droit au but. Sans détours, ni surenchère. Qui rapporte l’étroite connivence que le lauréat 2015 du Grand Prix Sport & Littérature (Prix Tristan Bernard) entretient avec le roi des sports. Qui confirme la mélancolie qu’ensemble ils entretiennent. Qui insiste sur la fatalité d’un échange qui, depuis l’enfance, ne saurait être remis en cause. Existe entre l’écrivain et cette matière jugée futile par tant de beaux esprits comme un rapport d’intimité, un émerveillement incontrôlable qui apporte au premier – c’est lui qui l’écrit – rien moins qu’un « bien être métaphysique ». Toussaint ne s’intéresse pas du tout au « football symbole de la mondialisation ou métaphore de la société », mais plutôt au jeu des origines, celui qui a le pouvoir de figer le cours des événements en proposant une manière de « confort primaire » et de « régression assumée » aux aficionados les plus authentiques qui s’y adonnent. En l’espace de cent-vingt-trois petites pages, le comptable du « temps perdu » passe en revue les cinq dernières Coupes du Monde tel qu’il les a goûtées et vécues, en tant que spectateur, auditeur ou téléspectateur plus ou moins sensibilisé et impliqué. Ses mots ne sont pas ceux du compte rendu, mais ceux de la poésie et c’est en cela qu’ils nous importent.
Prix Médicis (2005) et prix Décembre (2009), Jean-Philippe Toussaint est l’un des auteurs phare de sa génération. Il a déjà donné huit romans, dont plusieurs ont connu un grand succès en France comme à l’étranger (La Salle de bain, Monsieur, L’Appareil photo, Faire l’Amour, La Vérité sur Marie, Nue, etc.). Tous ont été publiés aux Editions de Minuit.
En 2006, il avait proposé un premier texte sur le football : La Mélancolie de Zidane.