Un ouvrage consacré au quotidien L’Equipe : « 10 Faubourg-Montmartre »
Situé en plein cœur d’un quartier populaire longtemps dédié au monde de l’imprimerie et de la presse, le 10 rue du Faubourg-Montmartre à Paris a abrité de nombreux journaux français. Pour autant, cette adresse devient mythique, dans le Paris du XXème siècle, dès lors que L’Auto jusqu’en 1944 puis L’Equipe à partir de 1946 s’y installent. Le journal se fait modèle et devient leader mondial dans son domaine par sa capacité à raconter le sport sur tous les terrains, à créer et à organiser des compétitions prestigieuses comme le Tour de France et la Coupe d’Europe des clubs champions, future Ligue des champions. Nombreux furent les grands champions et les personnalités de l’époque à venir y célébrer leurs victoires, posant devant la foule amassée devant l’entrée du journal. Et c’est bel et bien engoncé dans ce sombre et désuet 10 Faubourg-Montmartre que L’Auto et L’Equipe veilleront comme des vigies sur le monde du sport. Le décalage de ce lieu avec les hommes et les femmes de grande qualité qui y travaillaient est en soi un véritable mystère. Un mystère de Paris, un mystère de cette adresse dont ce beau livre fait parler les murs.
10 Faubourg-Montmartre par l’Association des Anciens de L’Equipe, Editions En Exergue, 474 pages, 592 illustrations, 29,90 euros
Prioritairement concentrés sur le mariage du sport et de la littérature, les éditions En exergue redouble d’efforts et propose à quelques jours d’intervalle deux titres qui nous concernent au plus haut point. D’abord la réédition de « La Ligne droite » d’Yves Gibeau Grand Prix de littérature couronné par l’AES en 1957. Un classique d’entre les classiques salué par Antoine Blondin dans les colonnes de L’Equipe dès sa sortie : « ‘’ La Ligne droite’’ est un événement qui fait rentrer pour la première fois le sport dans la littérature, sans l’ombre d’une complaisance. Entendons que l’auteur n’utilise pas l’athlétisme comme marchepied, la course comme prétexte. Il ajoute à la précision intimement vécue du documentaire le ‘’suspense’’ naturel qui découle de toute empoignade avec le chronomètre. Il passionne par l’évidence et l’honnêteté. L’écriture n’est plus ici un artifice, mais un art de transposition qui dégage et met en valeur les lignes de force et de grandeur d’une des faces de l’activité humaine. Elle agit à la façon d’un révélateur et pour beaucoup ce récit sera effectivement une révélation. » Une révélation qui soixante-quatre ans plus tard demeure parfaitement d’actualité.
La ligne droite de Yves Gibeau (avec la préface de Philippe Delerm)
Egalement disponible chez En Exergue, les « 21 virages » de Fred Poulet. Où il est question de Marco Pantani. D’abord du 18 octobre 1995, jour où le champion italien heurte de plein fouet une voiture qui s’est égarée sur le parcours de la course Milan-Turin. Victime d’une double fracture du tibia et du péroné, Marco Pantani est peut-être perdu pour le cyclisme, il ne remontera pas sur un vélo en 1996. Une année vide de cyclisme. En 1997, le survivant revient sur le Tour où il gagne l’étape de l’Alpe d’Huez le 13 juillet. La pression, ces 21 virages décisifs pour la suite de sa carrière l’empêchent de dormir, lui font dérouler cette année blanche qui a éveillé tous les fantasmes de l’auteur : il aura écouté Monteverdi avec Charly Gaul, testé les kebabs stéphanois, gravi les trente étages du grattacielo de Cesenatico et surtout trouvé l’amour…
21 virages de Fred Poulet