Renaud était un homme de classe et d’élégance qui a appartenu à cette génération de jeunes sortis de l’après-guerre et qui ont choisi le journalisme sportif comme une sorte d’apostolat. Le sport après tous les malheurs de la seconde guerre mondiale représentait en effet à leurs yeux un symbole d’espérance, de renouveau, un bonheur retrouvé lié en même temps à un idéal à caractère humaniste voire patriotique en rêvant de victoires françaises grâce aux champions « exemplaires ». Renaud s’est alors imposé, au fil des années, comme l’une des plus fortes personnalités du journalisme sportif français, occupant la scène pendant plus de cinquante années, animé à la fois par une passion sans limite, une incroyable énergie, une disponibilité totale. Mu également par un besoin d’aventure, désireux de se projeter sur un maximum d’événements et pas seulement dans sa discipline première, l’automobile, la Formule 1 (600 Grands Prix assurés !). Plume brillante (Le Miroir des Sports, Le Parisien etc…), il était aussi à l’écoute des champions mais aussi des dirigeants de toutes les fédérations et du CNOSF. En fait, il était resté très attaché aux valeurs incarnées par le mouvement olympique croyant toujours, et de toute force, à l’idéal des JO. Pour les générations nouvelles de journalistes sportifs, l’admiration se portait naturellement vers cet homme agréable mais aussi de fort caractère, très confraternel, qui entendait poursuivre jusqu’au bout, à plus de 80 ans, sa mission d’informateur puis de directeur de collection sportive chez Solar. Un modèle, un exemple d’une passion totale vécue jusqu’au bout de son existence. Au plan de l’édition sportive, en dehors de ses nombreux ouvrages, on peut dire qu’il a été non seulement un pionnier dans son exercice de plus de 40 ans chez Solar (Les Livres d’Or etc…), mais il a été aussi le plus grand directeur de collection sportive de l’histoire.
Alain Billouin